Aujourd’hui 8 décembre, l’Eglise catholique fête l’Immaculée Conception. A Cassagnabère, la Vierge Marie est représentée par une statue de l’Immaculée Conception. Située sur la place du village sur un haut piédestal, en bordure de la rue principale, elle a été repeinte récemment. Le 5 décembre, les villageois ont constaté que le visage de la Vierge avait été revêtu d’un masque, qui ressemble au masque offert à grand renfort de publicité par la Région Occitanie. Sans doute était-ce un clin d’œil à la crise sanitaire ? Ailleurs en France, de tels actes ont eu lieu sur des statues profanes pour « sensibiliser la population au port du masque », comme à Bordeaux sur les statues de l’Opéra national de Bordeaux (ONB). Etait-ce aussi le but recherché à Cassagnabère ? On peut aussi s’étonner que la mairie de Cassagnabère ait placé, parmi ses décorations de Noël, un loup hurlant devant cette statue si paisible.
Seulement ici, cet acte sur une statue sacrée n’a pas trop de sens. Il peut tout d’abord heurter les catholiques dans leur foi, la statue est pour eux un appel à la prière et un lieu de prière. Ensuite, il ne respecte pas la liberté de culte, valeur fondamentale de la République française. Enfin, l’Immaculée Conception consacre Marie « Mère de Dieu » préservée de tout péché. Etant parfaitement pure et préservée du péché des hommes, la maladie ne l’atteint pas. C’est donc tout l’inverse, la Vierge Marie n’a pas à se protéger, c’est elle qui protège l’humanité. Cette statue s’inspire du modèle de celle de la Vierge de la chapelle de la rue du Bac à Paris, mains ouvertes. En 1830, la Vierge Immaculée apparut à Sainte Catherine Labouré, Fille de la Charité, et lui confia la mission de faire frapper une médaille où il est écrit : « O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ». A Cassagnabère, le masque a été enlevé une fois que les habitants s’en sont aperçus. La Vierge Marie peut donc être honorée en cette journée du 8 décembre.
L’Immaculée Conception
Ce dogme a été défini le 8 décembre 1854 par le pape Pie IX : « Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine qui tient que la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière de Dieu tout puissant, en vue des mérites de Jésus Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu, et qu’ainsi elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles. »
Ce dogme est confirmé par la Vierge elle-même quatre ans plus tard, lorsqu’elle apparaît dans la grotte de Massabielle à la petite Bernadette qui lui demande son nom. « Que soy era Immaculada Councepciou » (« Je suis l’Immaculée Conception »), répond Marie. Que Marie ait été préservée du péché ne veut pas dire qu’elle est loin de nous. Au contraire. Elle reste une créature de Dieu et du côté des hommes. Mais elle nous indique qu’à sa suite, nous sommes appelés à être des Saints.
llluminons la nuit !
Le 8 décembre, c’est aussi la fameuse fête des Lumières à Lyon qui a une histoire d’abord religieuse puis aussi profane. En 1643, alors que la peste ravage la France, les lyonnais se mettent sous la protection de la Vierge Marie et font vœu de lui rendre hommage chaque année si Lyon est épargné. La peste ne franchira pas les portes de la Ville. Fidèles à leur vœu sans discontinuer depuis plus de 4 siècles, les lyonnais disent, à partir de 1852, merci à Marie chaque 8 décembre en déposant des bougies à leurs fenêtres. Le 8 septembre 1852, à la chapelle de Fourvière, devait être inaugurée une nouvelle statue de la Vierge de l’Immaculée Conception. En raison du mauvais temps, la cérémonie est annulée et reportée au 8 décembre. Ce jour-là des pluies diluviennes s’abattent sur la ville, la Saône est en crue. Finalement le temps se dégage et les Lyonnais mettent spontanément des bougies, qu’ils avaient préparées pour la procession, sur leurs fenêtres. Cette statue mariale dorée est devenue un des emblèmes de la ville de Lyon. Elle est l’œuvre de Joseph-Hugues Fabisch, professeur à l’École des Beaux-Arts de Lyon, et créateur aussi de la très fameuse Vierge de la grotte de Massabielle à Lourdes.
Depuis 1852 cette tradition est reconduite chaque année. La Ville rugit de mille lumières, tendues vers le Ciel. Cette année a lieu l’opération « S’il te plaît Marie » ! llluminons la nuit du 8 décembre en allumant une bougie à nos fenêtres. Cette année, alors que le monde entier est à nouveau confronté à une grande épreuve avec la pandémie de la Covid 19, que tant de gens souffrent dans leur corps, dans leurs cœurs et dans leurs âmes, des voix se sont levées pour ajouter au traditionnel « Merci Marie » un appel vibrant à ce que retentisse en France et dans le monde : « S’il te plaît Marie ! » Les périodes de confinement nous ont appris à nous manifester de manière nouvelle, à aller autrement à la rencontre des autres et à nous unir, spirituellement par la prière à la Vierge Marie pour les croyants. Ce 8 décembre 2020, allumons à Lyon comme partout ailleurs en France une bougie dans la nuit, une bougie pour chacune des intentions que nous portons dans le cœur et posons-les sur nos fenêtres pour témoigner de nos appels confiants.
Vidéo de présentation « S’il te plaît Marie ! »
La carte de la France illuminée par les prières à Marie est visible à cette adresse : https://stpmarie.com/carte-des-lumignons/
La statue de la Vierge Marie de Cassagnabère la nuit
Un piédestal monumental
La statue de la Vierge couronnée de Cassagnabère repose sur un monumental piédestal en pierre avec emmarchement, plinthes et un abaque orné de modillons, comprenant sur ses quatre faces dans un motif ogival diverses inscriptions peu lisibles. Cela vaudrait le coup de les restaurer. Sur la première face très abîmée : « (?) des hommages rendus à la Mère de Jésus le 6 octobre 1878 », qui est la date de son inauguration ; sur la deuxième face : « Don fait le jour de la solennité du Saint Rosaire par J.P. Sourroubile » ; sur la troisième face : « Moi, vous tous qui êtes éc(?), je vous ramènerais (?) la grande (?) » : sur la quatrième face : « Amour et reconnaissance, Marie notre très sainte Mère, un Pater et un Ave, d’intentions du bienfaiteur, N-D d’Artiguehente, priez pour nous ». Pour les passants à pied ou en voiture, la statue est une invitation à se recueillir, prier ou juste avoir une pensée positive et paisible.
Le monogramme marial
Chacune des quatre faces comprend en-dessous des inscriptions le monogramme marial. Il est composé des lettres A et M entrelacées, initiales de l’Ave Maria, salutation angélique lors de l’Annonciation à Marie. « Qu’il me soit fait selon votre parole » (Luc 1, 38). Le Fiat de Marie prononcé lors de l’annonciation est un événement majeur de l’histoire du christianisme. Il fait de Marie, Vierge immaculée, la Mère de Dieu [Theotokos]. Par son fils donné pour le rachat de nos péchés, les hommes, devenus frères du Christ, sont élevés en dignité jusqu’à Dieu. Marie est la voie royale qui mène au Christ, nouvel Adam. Saint Anselme appelle Marie « mater rerum recreatum » (mère des réalités recréées). Nouvelle Eve qui « écrasera la tête du serpent » (Genèse 3.14) (c’est pourquoi le serpent figure sous ses pieds au-dessus du demi-globe), elle a un rôle primordial dans les derniers temps (Apocalypse 12,1), c’est pourquoi elle multiplie les apparitions, avertissements et demandes de conversion.
Au premier plan, la statue de la Vierge de l’Immaculée Conception avant sa réfection et, au second plan, l’église Saint-Gilles de Cassagnabère
Statues identiques de l’Immaculée Conception
Dans le Comminges, on trouve une autre statue identique de sainte Marie de l’Immaculée Conception, à Bordes-de-Rivière situé à l’ouest de Saint-Gaudens et Villeneuve-de-Rivière. Elle a la particularité d’être polychrome. Elle a été érigée le 15 mai 1870. A la différence de celle de Cassagnabère située au cœur du village, la statue de Bordes-de-Rivière se trouve à la sortie du village, sur la route du Cuing.
Ailleurs en France, il existe des statues similaires comme à Obermorschwihr en Alsace. En 1855 le village connaît une période de choléra qui fit une trentaine de morts. La population se mit alors à prier la Sainte Vierge afin qu’elle épargne le village. Selon la tradition l’épidémie cessa brutalement. En 1877, les habitants en signe de remerciement firent ériger cette statue dorée de la Vierge.
J’ai le plaisir de signaler qu’en Savoie, sur la commune de Saint Pierre d’Entremont, nous avons sur la fontaine à l’entrée du village une statue similaire.
Lors d’un chantier de jeunes, nous l’avons fait restaurer à l’identique. Malheureusement les couleurs de sa robe et de son voile ont été inversées on ne sait quand (robe bleue et voile/manteau blanc).
Je peux envoyer la photo si quelqu’un peut me dire comment retracer l’histoire de la pose de cette statue dans notre village, certainement à la fin du XIXe siècle lors d’une mission.
Merci de votre réponse